Livret « Paroles d’inondations »

Permettre la parole, le témoignage, constitue la première étape de la construction d'une culture commune et partagée du risque. A travers ce recueil de témoignages, l'URCPIE de Picardie a fait re(vivre) la mémoire en donnant la parole aux personnes ayant vécu une inondation.

Partenaires et moyens

Technique(s) :

  • 3 véhicules,
  • 1 Ipod enregistreur,
  • Logiciels de graphisme,
  • Logiciel de montage vidéo

Humain(s) :

  • 3 chargées de mission (1 dans chaque CPIE de Picardie),
  • 1 coordinatrice régionale, secrétariat (retranscription des entretiens),
  • 1 stagiaire - 6 mois (réalisation et retranscription de certains entretiens),
  • 1 compagnie de théâtre (les Echomédiens, spécialisés dans le théâtre-forum et basés dans le sud de la France),
  • 1 équipe d’animateurs nature (dans chaque CPIE de Picardie).

Financier(s) :

Budget total : 69 488 € pour 3 ans

  • Répartition : rémunération du temps de travail (62%) / impressions (28%)/ théâtre (10%)
  • Conseil Régional de Picardie : 55 888 €
  • DREAL Picardie : 8 100 €
  • Fondation de France : 5 500 € 

En bref

objectif(s) :

Co-construire une culture partagée du risque et faire vivre la mémoire des évènements, en recueillant et en publiant un grand nombre de témoignages sur les inondations en Picardie 

Echéancier :

Année 1 : identification de 3 territoires pilotes (un dans chaque département de Picardie). Chaque territoire reflète un type d’inondation auquel est confronté le territoire régional (coulées de boue, remontées de nappes et débordement de cours d’eau), chaque territoire reflète également un type de milieu (urbain, périurbain et rural).
Identification des ressources à interroger, réalisation de 45 entretiens individuels (environ 2h00 par entretien) et retranscription intégrale et littérale (mot à mot) de chaque entretien.

Année 2 : sélection des passages-clés à publier dans le livret. L’opération de sélection est particulièrement délicate car elle demande de passer d’un volume de près de 500 pages de texte brut à environ 20 pages de témoignages, mise en forme graphique et impression (19 000 exemplaires).

Année 3 : Diffusion et valorisation du livret. Le choix a été fait de ne pas faire d’envoi massif par la poste. Nous avons opté pour une valorisation plus vivante permettant de mieux atteindre notre objectif de départ : réalisation d’un montage vidéo et d’une bande son, création de pièces de théâtre participatif (avec la compagnie les échomédiens), réalisation de sorties nature « au fil de l’eau », organisation de formations, programmation de conférences, colloques,…

Description de l'action

Réaliser des actions en faveur de la prévention du risque inondation ne signifie pas de « faire disparaître les inondations », mais plutôt de participer à la réduction de la vulnérabilité des territoires. C’est avec ce postulat de départ qu’a été mené ce projet. Nous sommes partis du principe que la mémoire et la connaissance des processus d’inondation participent largement à diminuer la vulnérabilité des territoires exposés. Avec ce livret, nous avons souhaité contribuer au développement d’une culture du risque inondation. Toutefois, il ne s’agit en aucun cas d’une culture créée ex-nihilo et valable sur n’importe quel territoire, mais bien d’une culture du risque conduite, partagée, faisant appel à l’espace vécu, aux perceptions et aux représentations des acteurs. L’objectif était aussi, grâce à ce livret, de donner à chacun l’envie d’agir à son niveau afin qu’ensemble, nous puissions œuvrer pour la prévention des risques d’inondation.

Eléments facilitateurs : le soutien du Conseil Régional de Picardie, puis de la DREAL Picardie et de la Fondation de France ont été des éléments clés dans la réalisation de ce projet. Ce n’est pas parce qu’une action n’est pas visible sur un territoire (contrairement à une digue) qu’elle ne coûte rien et qu’elle ne sert à rien. Aujourd’hui encore, il est extrêmement complexe de faire financer des actions innovantes et relativement peu visibles comme les projets sur la mémoire des catastrophes. Avec la Région comme élément moteur, l ‘URCPIE de Picardie a pu mener ce projet de grande ampleur et ne pas se limiter à la portion congrue, traditionnellement réservée aux projets portant sur la culture du risque et la mémoire de catastrophes.

Difficultés rencontrées : L’anonymat des témoignages a été un souci rencontré très tôt. Les personnes interrogées étaient d’accord pour témoigner, à condition que l’on respecte l’anonymat. Dans le même temps, elles ne comprenaient pas pourquoi elles étaient enregistrées. Nous avons dû expliquer que l’enregistrement nous permettait simplement de garantir le respect des propos rapportés. Parallèlement, nous avons fait signer des « formulaires de confidentialité » ou chaque personne pouvait choisir ce qu’elle désirait rendre anonyme ou non (témoignages, photographies,…).

Le problème s’est à nouveau posé au moment de la création de la bande son et du montage vidéo. Les témoignages n’étaient plus anonymes à partir du moment où nous pouvions reconnaître les voix des personnes interrogées. Nous avons donc décidé de « rejouer » nous-même et d’enregistrer les textes rapportés au cours des témoignages en conservant l’intonation : humour, gravité, colère…etc.

Description de la méthodologie

Méthodes des sciences humaines  et sociales : ethnologie, histoire, géographie, sociologie…etc.

  • Recherche d’archives (coupures de presse, émissions radios, photographies, reportages télévisés…etc.) et création d’une base de donnée.
  • Recherche, localisation et datation d’éléments de « terrain » : hauteurs d’eau atteintes, création d’ouvrages de protection, existence de politiques de prévention,…
  • Choix de 3 inondations « emblématiques », donc de 3 territoires « pilotes » à partir des éléments d’archives et des données géographiques décrites ci-dessus.
  • Mise en œuvre de 45 « entretiens compréhensifs » (cf. les ouvrages de JP KAUFMANN) et retranscription intégrale.
  • Choix d’un graphisme qui s’inscrive dans la lignée de ce qu’avait fait le CPIE du Velay en 2010 (projet « mémoire de crues », de manière à harmoniser les actions du Réseau National des CPIE sur cette thématique.
  • Choix d’une méthodologie TRANSFERABLE, transposable à d’autres territoires et d’autres thématiques (comme la biodiversité par exemple). L’idée étant bien de construire une expérience REPRODUCTIBLE.

Indicateurs pour l’évaluation : nombre d’entretiens réalisés, de livrets distribués, de livrets demandés, nombre de pièce de théâtre réalisées, de spectateurs pour celles-ci, de participants pour les manifestations associées.

Recommandations

3 ans de travail, cela peut sembler long mais c’est la durée de travail idéale pour mener à bien ce type de projet. Cela permet de ne sacrifier aucune étape, de l’identification des acteurs à la valorisation du projet. Si on ne « prend pas son temps » lorsqu’on travaille sur des éléments aussi ténus que la mémoire, les souvenirs et les représentations, le risque est grand de « passer à côté » du projet.

On passera à côté car on n’aura pas su se montrer assez disponible, assez à l’écoute et les personnes interrogées garderont pour elles ce qui finalement était fondamental pour nous… on passera à côté parce qu’il existe une personne ressource très discrète que seuls 7 à 8 entretiens auront permis d’identifier, mais dont le témoignage bouleverse totalement la manière de voir les choses… On n’instaure pas un climat de confiance en quelques semaines sur des thématiques aussi sensibles, qui font ressurgir des souvenirs aussi lourds.

Les livrets sont distribués à la demande : à demander auprès de Cindy OUDART (coordonnatrice régionale) : c.oudart@cpie-picardie.org et directement sur http://www.cpiepicardie.org/index.php?option=com_content&view=article&id=88:prevention-des-risques&catid=35:nos-actions&Itemid=84